Ye Sheng Ya Bao – Bourgeons sauvages de Nan Mei
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Dernière mise à jour : il y a 1 jour
Un Mao Cha Sheng de théiers Da Xue Sheng, à l’allure de thé blanc

Certains thés viennent de jardins impeccablement alignés.
Le Ye Sheng Ya Bao vient d’un tout autre monde : celui des théiers sauvages Da Xue Sheng, enracinés dans les forêts de la vallée de Nan Mei, dans la région de Lincang (Yunnan).
Techniquement, c’est un Mao Cha de Pu Erh cru (Sheng).
Visuellement et en tasse, il se comporte comme un grand thé blanc de forêt.
C’est ce croisement-là qui en fait un thé à part : un pont entre deux familles, avec une personnalité absolument unique.
Des théiers sauvages Da Xue Sheng dans la vallée de Nan Mei
Le Ye Sheng Ya Bao ne vient pas d’une plantation au sens classique.
Il provient de théiers sauvages et anciens, associés au massif de Da Xue Sheng, qui poussent en pleine forêt, dans la vallée de Nan Mei, à plus de 2400 m d’altitude.
Ici, le sol est couvert de mousses, lichens, humus.
Les arbres ne sont ni taillés, ni domestiqués : ce sont de véritables arbres de montagne, qui ont continué à pousser comme ils l’entendaient.
On ne parle pas de “rangées de théiers”, mais d’un paysage de forêt, dans lequel certains arbres, parmi d’autres, sont des théiers.
C’est dans cet environnement-là que naissent les bourgeons sauvages Ye Sheng Ya Bao.
Une cueillette hivernale ultra-limitée
Les bourgeons utilisés pour ce thé sont particuliers :
ce sont des gros bourgeons terminaux, argentés, charnus,
ils ne poussent qu’une fois par an, en hiver,
ils sont récoltés à la main, souvent à l’aube, lorsque la sève est la plus calme.
La cueillette est assurée par les villageois de l’ethnie Lahu.
On estime qu’il faut près de 10 000 bourgeons pour obtenir un kilo de ce thé.
C’est une récolte ultra-limitée, qui ne repose ni sur la mécanisation ni sur la taille : juste sur le temps, les arbres, et les mains qui cueillent.
De Mao Cha Sheng à “faux thé blanc” sauvage
Sur le plan technique, le Ye Sheng Ya Bao est un Mao Cha Sheng :
Mao Cha : une base de Pu Erh non compressée,
Sheng : cru, vivant, capable de continuer à évoluer avec le temps.
Après la cueillette :
Les bourgeons sont flétris naturellement à l’air des montagnes.
Puis ils sont séchés au soleil, lentement, sans cuisson au wok ni torréfaction.
Aucune transformation lourde, aucun façonnage en galette ou en brique.
On obtient un thé constitué uniquement de gros bourgeons blancs sauvages, duveteux, crème à vert mousse, qui ressemblent à un thé blanc ultra-minimaliste, mais appartiennent bien à la famille des Pu Erh Sheng.
Avec le temps, comme tout Mao Cha Sheng, le Ye Sheng Ya Bao se patine :
il gagne en profondeur,
développe des facettes plus résineuses et fruitées,
tout en conservant une liqueur claire et lumineuse.
Dans la tasse : clarté visuelle, richesse aromatique
Visuellement, la liqueur est très claire, limpide, presque transparente, avec un reflet jaune pâle / raisin blanc.
On pourrait s’attendre à un thé discret. Ce n’est pas le cas.
En résumé sensoriel :
Première infusion
liqueur claire,
notes épicées : cardamome, graine de fenouil, anis,
fond de sève, bois clair, impression de forêt fraîche.
Deuxième infusion
les épices se fondent,
viennent des saveurs plus fruitées, citronnées et fleuries,
agrumes (citron doux, zeste), fruits blancs (poire, raisin blanc), petites fleurs de montagne.
Infusions suivantes
les tasses se succèdent en changeant de nuance,
les fruits, les fleurs et les épices se relaient,
on a vraiment l’impression que le thé “tourne la page” à chaque infusion.
Le Ye Sheng Ya Bao est un thé naturellement très sucré, sans ajout :
désaltérant,
odorant,
délicieux,
avec une longueur en bouche remarquable sur une alliance de notes citronnées et de raisin blanc bien mûr.
Comment l’infuser pour le laisser s’exprimer - secrets et astuces
Les gros bourgeons sauvages supportent très bien des températures assez élevées et des infusions longues, sans devenir agressifs.
En théière (préparation “occidentale”)
Eau : filtrée ou peu minéralisée
Température : 85–90 °C
Dosage : environ 3 g pour 250 ml
Temps : 4 à 6 minutes
4 minutes -- tasse très fraîche, épices fines, sève, citron léger
6 minutes -- tasse plus dense, plus expressive, avec un côté raisin blancl
Ensuite, ne jette surtout pas les bourgeons :
tu peux faire facilement 3, 4, 5 infusions,
la liqueur reste claire,
le profil aromatique se déplace doucement d’une famille vers l’autre (épices → fruits → fleurs → miel et raisin blanc).
En Gong Fu Cha
Pour les amateurs, le Ye Sheng Ya Bao est magnifique en petite théière / gaiwan :
4–5 g pour 100–120 ml
90 °C
infusions courtes (20–30 s), puis +10–15 s à chaque passage
C’est une façon très fine de “feuilleter” toutes les couches du thé, infusion après infusion.

Pour qui, et pour quel moment ?
Le Ye Sheng Ya Bao – Bourgeons sauvages de Nan Mei ( provenant des théiers Da Xue Sheng) est un thé :
pour ceux qui aiment les grands thés de forêt,
pour les curieux des Pu Erh Sheng qui ne veulent pas forcément des liqueurs très sombres,
pour les amateurs de thés blancs rares qui ont envie d’aller un cran plus loin.
Moment idéal :
matin calme,
après une marche,
en fin de journée, avec un carnet ou un livre.
C’est un thé qui ne se boit pas “en passant” :
il s’apprivoise, il se suit infusion après infusion, comme une conversation qui prend son temps.
N.L.L.




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